24 heures sur le dos d’un cheval ou comment entrer dans l’année en toute sérénité ou presque ….
Nous avions voulu la jouer de façon un peu intrusive, s’inviter munis de quelques agapes chez les uns et les autres, chevaucher de maison en maison et franchir ainsi le pont fatidique qui mène d’une décennie à une autre…
Les protagonistes de cette aventure avaient choisi leur monture avec plus ou moins de désinvolture : Isa, toujours aussi fantasque mènerait la caravane sur le placide mais néanmoins infatigable Quartz, Bruno à qui la nuit devait réserver quelques surprises confierait son âme à Papillonne, sereine puisque bientôt mère, Silke chevaucherait l’imprévisible Pintou. Steph adopterait la belle Cagire à qui l’on avait confié la délicate mission de le ramener sain, sauf …et motivé . Quand à moi, j’avais envie de danser la salsa avec la belle du même nom.
Au crépuscule, nous quittons Sengouagnet pour rejoindre à l’écart du monde, le cocon doux et chaleureux de la petite famille Denis, Elsa, Ludovic et Raphael lovée dans sa roulotte. On se serre sur les banquettes, le vin chaud aux épices nous engage dans la soirée, nous caquetons autour d’un cake au thon tandis que Silke bien qu’affranchie des méandres de la langue française, tente de conjuguer le verbe cakeauthon …
Quelques vomis intempestifs d’un de nos jeunes hôtes et nous voilà repartis sous les étoiles.
Le froid est vif mais les bijoux célestes gardent nos âmes au chaud …
Nous traversons Aspet … des visages aux fenêtres sur notre passage, échange de voeux et de sourires … Ouh, c’est très bien tout çà !
Nous rejoignons au galop le col De Larrieux, croisons quelques biches empressées, saluons une chouettes esseulée.
Nous voilà chez le charpentier Michel et sa compagne Anabelle, quelques amis polyglottes se joignent à nous. C’est joyeux, c’est doux …c’est flou aussi ! Le punch préparé par Bruno rend flou. En sortant, je refais dix fois le noeud de ma longe, normalement c’est le seul que je sais faire (parce que je me suis beaucoup entrainée). Étrange, j’ai beau m’appliquer … il ne tient pas. Quand je me hisse sur ma selle, je vois le firmament tournoyer, je comprends pourquoi tout est si étrange.
Direction Estadens, le froid me dessoule.
Nous galopons …Peut-être Steph a t-il bu le breuvage qui rend flou mais la foulée ample de Cagire l’envoie soudain sur le talus … Ouf! Plus de peur que de mal !
Et c’est alors que le brouillard en harmonie totale avec nos esprits délicieusement embrumés descend sur le piémont et c’est dans le fog que nous rejoignons la belle maison en bois.
Nous voilà chez nos amis du nord Elie et Leen; ils sont beaux, un brin urbains, chaleureux, nous partageons nos vivres. Minuit nous pousse dans les bras les uns des autres, Isa alias gui-llerette brandit sa branche magique et l’heure nous jette de nouveau sur les routes.
La nuit est dense et blanche de brume, nos amies célestes nous ont abandonnées., Steph, fourbu aussi !
Elie se joint à l’aventure par solidarité et/ou pour le plaisir de chevaucher dans la nuit . Nous nous engageons sur le « chemin blanc », au milieu de nulle part avec pour seul horizon la croupe du cheval de devant … et là … nous perdons Bruno ou plutôt il se perd lui-même dans un fossé. Gui-llerette retrouve son âme de coach et reprend la caravane en main.
Silke et moi trottons vers Rouède. Devant la salle des fêtes, nous discutions brièvement avec un ado qui vide sa vessie devant nous, pas du tout gêné de nous souhaiter une bonne année la quéquette à la main !
Nous voilà dans un nouvel havre, la maison est grande et belle . Le désordre qui y règne fait un bien fou, je me dis que les habitants de cette demeure accordent plus de temps à leur âme qu’à leurs biens. Ça sent les pommes cuites, les flammes crépitent, la banquette est moelleuse, les notes de piano sont légères, les conversations hachées, l’heure tardive …
Dernière étape, cinq petites lucioles qui bougent dans la brume au gré du pas des chevaux.
Changement de cavalier au moulin, la belle Marlène aux pieds nus monte la brave Papillonne pour atteindre enfin la maison aux bambous.
On s’affale au chant du corbeau dans une maison à l’âme naissante …
Fin du bal, rassemblés devant le poêle, des images plein la tête …
Demain nous ramènerons les « passeurs » d’une année à l’autre au pré .
Merci Isa !!!!